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29 mai 2006

Vu dans la presse Le Progrès du 29 mai 2006

Vu dans la presse

Le Progrès du 29 mai 2006

Chronique Beaujolaise Page 15

Urbanisation: on se calme !

Certains édiles de nos communes beaujolaises gagneraient à lire ou relire quelques études sur l’urbanisation de nos campagnes françaises récemment réalisées par des organismes spécialisés. Ils pourraient y lire entre autres que  « le rythme de croissance des villes de moins de 10 000 habitants a presque doublé depuis 1999 , que le dynamisme démographique est encore plus fort dans les communes de moins de 2 000 habitants et que celles de moins de 500 habitants ont vu leur rythme de croissance tripler ». Par contre, ils constateraient aussi que « l’urbanisation des campagnes ne profite pas aux centres anciens…et que trop souvent la renaissance des campagnes se traduit par des constructions neuves qui déparent  les entrées de village tandis que dans les centres anciens, le patrimoine bâti reste souvent à l'abandon et que le commerce local est loin d’en retirer les retombées promises».

Paysages dégradés

Outre la dégradation des paysages, les inconvénients évoqués sont également sociaux. L'offre de services, d'équipement et d'emplois peine à suivre le rythme de développement  des "campagnes-dortoirs".  Il n’est que de voir le parking actuel de la gare de Belleville s/ Saône pour s’en convaincre. Ainsi, de nombreux villages accueillent une population reléguée toujours plus loin de son lieu de travail par le coût des loyers ou du foncier en ville. Un phénomène qui entraîne immanquablement l’envolée frénétique du prix des terrains que l’on connaît.

Conséquence : sur le plan national, les commissions de surendettement sont de plus en  plus sollicitées. « Les jeunes couples qui s'installent sur les franges rurales prennent de gros risques financiers », constatent des élus et experts. « Ils peinent souvent à financer leur pavillon. Les deux parents travaillent, il leur faut deux voitures et si l'un d'eux se retrouve au chômage, tout peut basculer très vite »*. Ces rurbains subissent de plus le coût élevé de transports en commun pas toujours adaptés à de longs trajets et qui sera de plus en plus lourd dans le budget des ménages compte-tenu de l’augmentation considérable des produits pétroliers dans les années futures . Dans ce contexte, nul n’ignore que le Beaujolais est la banlieue lyonnaise de demain et que son attrait n'a jamais été aussi fort. Mais il est clair que son devenir réside dans la qualité de ses paysages et de sa raison d’être, le vignoble, comme le confirment de nombreux élus locaux responsables qui prônent « que l'on mesure bien les conséquences de l’arrachage des parcelles sur le paysage » et « l’équilibre sociologique des villages ».

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« Quand on passe en-dessous d'une centaine d'hectares par commune, la vigne n'est plus centrale. Elle devient un élément perturbateur, moins bien accepté par les nouveaux arrivants », précise aussi un responsable viticole. Il est vrai que lorsqu’on a vécu en centre ville, on n’est pas forcément coutumier du « canon » le matin à 5 h ou à 21 h, du tracteur bloquant la circulation à 25 km/h sur la départementale ou du traitement « spécial araignées rouges » qui fait cracher les poumons à l’heure du dîner sous la pergola.

"On se doit de respecter les impératifs du lieu"

Lorsqu’on s’installe au cœur du vignoble, il faut bien comprendre que d’autres y travaillent et qu’on se doit de respecter les impératifs du lieu. Cela dit, il ne s’agit pas de bloquer le développement économique et social d’une région qui en a plus que jamais besoin, mais il conviendrait de le faire dans le cadre d’une politique « raisonnée » et « raisonnable » qui permette aux nouveaux arrivants de s’installer et de s’intégrer dans les meilleures conditions et aux autochtones de maîtriser l’équilibre de leur environnement actuel et futur, ce qui ne semble pas être le cas partout. « Avant d'étendre la ville, il faut réfléchir à ce qui existe et essayer de récupérer l'ancien », note aussi un expert. Quoiqu’il en soit, il faudra être plus que jamais vigilants pour ne pas laisser libre cours aux ambitions démesurées et aux intérêts personnels des uns et des autres et reproduire à l’horizontale les erreurs commises à la verticale dans les années 60/70 en d’autres lieux. Le lotissement-dortoir tentaculaire de Belleville et ses centaines de pavillons en cours ou à venir (sur les routes de Charentay et de Beaujeu) qui dénaturera à jamais l’une des plus belles entrées du Beaujolais viticole, en est la cruelle illustration. Une bien piètre image pour un Beaujolais touristique qui n’a vraiment pas besoin de ça dans les circonstances actuelles.

* En 2005, selon la Banque de France, le rapport entre la dette des ménages et leur revenu disponible brut a atteint 64%, dépassant largement son niveau des années 1980, période caractérisée aussi par le dynamisme des prêts à l'habitat et par une envolée des prix immobiliers. Un record historique.

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